On est le lundi 26 janvier 2015 : Gens d'ici et d'ailleurs.... BONJOUR !!!
La chaume :les métiers des femmes de marins....
Aux 19ème et 20ème siècles on peut le dire, les femmes de marins n'avaient pas une vie de tout repos...évidemment , j'allais dire : "naturellement", elles s'occupaient des enfants et du ménage et plus on remonte dans le temps plus les conditions étaient difficiles... quand on pense à la profusion de produits ménagers et de matériels de toutes sortes qui envahissent nos placards à balais actuels on a bien du mal à imaginer la méga corvée du"ménage" en ces temps anciens.
Et quels que soit l'époque et le lieu, les femmes de marins, " en supplément", doivent gérer toutes les affaires du foyer familial pour pallier à l'absence plus ou moins longue de leur époux !!
Et comme si ça ne suffisait pas , pour mettre un peu de beurre dans les épinards nos arrières grands-mères exerçaient divers et durs "petits" métiers maritimes...dur dur la condition féminine !!
Les chaumoises pouvaient donc être :
POISSONNIÈRES
étaient "poissonnières" celles qui vendaient directement sur les quais le produit de la pêche de leur époux.
TAPINEUSES
Bon.... si on se réfère au dictionnaire...une tapineuse( en argot populaire) est une prostituée racolant dans la rue... tsss tsss tsss, rien à voir avec nos tapineuses chaumoises !! En parler chaumois, tapiner signifie "réparer" les filets de pêche (alors que dans les autres ports on les "ramende"). Quand les filets de chanvre manuels ont été remplacés par des filets de coton mécaniques, au retour de la pêche ils ont été réparés à l'aide de noeuds par les tapineuses. En chaumois un noeud est un nouch , ce mot a été pris pour dénomination par un groupe folklorique réputé : "Le Nouch".
HALEUSES
Lorsque le vent n'était pas assez fort pour faire entrer ou sortir les bateaux dans le port, ce sont les "haleuses" qui les faisaient avancer dans le chenal, à la force de leurs bras, en tirant toutes ensemble une solide corde , sous la houlette du maître haleur, généralement un vieux capitaine de navire à la retraite.
ACHETEUSES
Dés l'arrivée au port, quand il s'agit de sardines,les poissons vont être appréciés par une acheteuse (dans les autres ports on dit "une commise") Mandatée par le patron de la conserverie ,elle achète le poisson en son nom, aprés en avoir fixé le prix.
SENTEUSES
La pêche aux thon n'était pas une pêche à la journée, les thons s'abîmaient vite, exposés qu'ils étaient aux intempéries sur les ponts des bateaux,à l'arrivée au port il y avait donc des senteuses préposées à la vérification de la qualité du poisson.
GARÇONNES
Rien de péjoratif à l'époque dans ce terme!!.... les garçonnes étaient ,tout comme les tapineuses, des femmes chargées de l'entretien des filets, des rets pendant la campagne de la pêche à la sardine.
SAUNIERES
Hiver comme été, sous le soleil ou sous la pluie les saunières faisaient la navette entre les marais salants et les navires à charger....trés lourds paniers sur le dos, yeux brùlés par la réverbération des cristaux de sel et pieds nus la plupart du temps....!!
FABRICANTES de filets de pêche
BROSSEUSES de bateaux
OUVRIÈRES DE CONSERVERIE
"Je suis née à La chaume en 1928 - mon père était marin pêcheur- nous étions sept enfants et comme toutes les femmes de marins de La chaume, ma mère travaillait à la conserverie.....qui se trouvait là où a été construit par la suite le lycée c'était chez Guerlesquin et chez Basset.
Ma mère a demandé au contremaître de m'embaucher à la place d'une de mes soeurs dont la santé était fragile mais je n'avais que 12 ans et l'àge légal était 14 ans, il a quand même accepté,j'ai pris le nom de ma soeur, on a mis une caisse devant la table de travail pour me rehausser et quand l'inspecteur venait, je me cachais dans les toilettes....
J'ai travaillé là de l'àge de 12 ans à celui de 20 ans, aprés je suis "montée" à Paris.
Pendant les campagnes de pêche on mettait des poissons en conserve, surtout des sardines et des maquereaux, et l'hiver c'était des légumes .
Quand il y avait un arrivage de poissons, on les étêtait puis on les passait dans la saumure , on les plongeait dans l'huile bouillante et on les rangeait dans les boîtes avant de les envoyer à la sertisseuse "(j'ai lu par ailleurs qu'aprés le passage en saumure, les sardines étaient rincées à l'eau douce et séchées au soleil).
"Quand les bateaux rentraient au port, l'usine concernée par l'arrivage sonnait la cloche (chaque usine avait un appel différend ) et il fallait y aller tout de suite parce que le poisson débarqué n'attend pas...même en pleine nuit il fallait y aller ...ce qui n'empêchait pas d'être à l'heure à l'embauche normale du matin . On était quand même payés en heures supplémentaires.
Pour les légumes on équeutait les haricots verts, on les lavait et on les mettait dans les boîtes.
L'hiver quand il y avait moins de travail, on mettait les étiquettes et on remplissait les cartons pour l'expédition.
Nous, on allait sur la plage, avec une cuillère, on creusait le sable pour ramasser des pignons...on les lavait puis on allait de porte en porte pour les vendre. Pendant la guerre on faisait des chips pour les allemands : on vérifiait les patates déjà épluchées, on les lavait et une machine les tranchait avant de les plonger dans l'huile, aprés on les mettait en sachets."
(ce récit que j'ai déjà publié sur mon blog m'a été fait par Marcelle une voisine de résidence)
TENANCIÈRES DE BUVETTE
Les tenancières assistées de servantes et de journalières accueillaient les marins en relàche, marins français mais aussi nombreux marins étrangers. Les buvettes, cabarets, auberges et autres débits de boisson fleurissaient en grand nombre sur les quais , plus ils étaient proches du port....plus les marins y faisaient halte. Chaque bateau avait son bistrot attitré , les marins y entreposaient leur matériel, y faisait leurs comptes....et y laissaient une partie de leur salaire bien évidemment .
La vie des marins était trés dure bien sur......mais la vie de leur femme ne l'était pas moins...c'est peu de le dire!!
Bonne journée!